Carnet de Bord


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Mardi 31 Juillet 2001

Ils descendent de la montagne... en bus

  Retour à Bichkek après notre premier séjour en altitude. Les bus et leurs chauffeurs nous impressionnent toujours autant.

  La dernière matinée à Ala Archa passe vite. Le temps est toujours aussi maussade. Quand on lève la tête, on constate qu'il a neigé pendant la nuit, un peu plus haut. Chacun se livre à ce qui deviendra nos sports favoris : frisbee pour Jérémie et Antoine, rapide balade aller-retour dans la vallée pour Etienne et Rémi (qui en profitent pour ressortir de leur mémoire d'enfant Aux marches du palais, à chanter à deux voix, qui se répondent en écho sur les parois... Oui, oui, le lyrisme est un poil forcé là), et Chris en est à la page 112 de Crimes et Châtiments. Il est déjà accro.

Fantômas, le retour

  Le temps de plier les tentes, saluer notre hôte inattendu Vladimir, et nous voici repartis vers la sortie du parc d'Ala Archa. Nous avons donné rendez-vous au bus, celui qui nous a amenés, à 14h. Inévitablement la question point : nous sommes au bout du monde, ou du moins de la route. Quelques maisons, pas de voitures. Que ferons-nous si notre transporteur nous fait faux bond ?

  Rémi n'aurait même pas eu le temps de traduire ça en russe (comme ça pour le fun) : la réponse arrivait vrombissante. Nos Kirghizes n'allaient pas manquer de se faire du blé. Nous avons donc un bus, presque pour nous seuls, un taxi king size. Un voyageur monte avec un sac plein de bouteilles vides, semble-t-il. Affable, il discute avec nous. Il nous demande, comme tous les gens que nous croiserons : At Kouda ? -D'où venez-vous ? La France ? Aaaah... Jan Marrhé. What ? J... Jean Marais ? Da, da, Fantômas, Do Founaiss. Oh, ben ça pour une surprise ! Au moment de passer la porte gardée du parc, 12 km plus bas, il se baisse pour se cacher de la vue des «gardes barrières». Drôle de trafic. Elles sont vraiment vides les bouteilles ?

  Ensuite commence la grande descente vers Bichkek. Le chauffeur a l'air de prendre son pied. La route en pente fonce tout droit. On dévale en roue libre. Gare à ceux qui se trouvent sur le chemin, on double, et même on manque de se prendre ceux qui arrivent en face. Le chauffeur, lui, n'a pas hésité une seconde. On fait tout pour ne pas conduire bourrés en France, et v'là qu'on va mourir d'un accident de la route en Kirghizie. Ce n'est vraiment pas noble, si au moins c'était en avion ou en sautant sur une mine ! Bien sûr, c'est de l'humour. Le fou du volant a au moins un côté rassurant : il semble connaître la route par coeur, ces moindres nids-de-poule, d'où parfois quelques embardées à gauche ou sur le bas-côté pour les éviter. Tout le monde fait pareil, faut pas s'en faire.

  Le contrôleur - chef de bord - négociateur de prix nous propose un taxi pour tout le séjour : on vous emmène où vous voulez ! Quelle aubaine on doit représenter. Mais les prix proposés nous paraissent prohibitifs, surtout qu'on n'a rien planifié, et qu'on ne veut pas se retrouver avec un garde du corps attitré tout le long du voyage.

Le Fouquet's de Bichkek

  On retrouve avec plaisir le Sary Chelek, son atmosphère secrète, ses serveuses rigolotes et ses blattes. Home, sweet home. Cette fois-ci, nous n'avons plus deux chambres séparées mais une «suite» : trois pièces, quatre lits, un canapé. Pour le même prix. Tout est toujours aussi miteux, mais on sent qu'on vit dans le luxe. D'ailleurs, jamais l'un d'entre nous n'avait eu l'occasion de se payer une «suite» dans un hôtel auparavant.

  Le soir, Natacha nous emmène (à l'exception d'Antoine) boire un verre dans un bar chic, où l'on retrouve tout l'occident : touristes et ambassadeurs. Notre mésaventure du samedi (avec la police) fait beaucoup rire Natacha. Elle nous apprend que les flics sont toujours en uniforme et nous emmènent toujours au commissariat : alors un contrôle de civils dans la rue... des vrais branquignols ! Il suffisait de leur faire Bouh, et ils partiraient en courant ! Sauf que samedi soir, c'est nous qui voulions partir en courant.

  A notre table, une collègue de Natacha qui parle également parfaitement le français. Et deux Français. Les véritables aventuriers, casse-cou, qui se fichent du danger pour vivre comme ils l'entendent. L'un arrive du Pakistan en vélo, l'autre gravit tous les sommets de la planète. Ils s'apprêtent à partir pour le sud du pays, où, venons-nous d'entendre, il y a quelques troubles à la frontière avec le Tadjikistan. Quelques guérillas «religieuses» : nous ne sommes pas si loin du pays des talibans. Nos deux compatriotes veulent vaincre le pic Lénine. Voilà leur objectif. Ils sont passionnants, et un peu inquiétants aussi.

  Retour en pleine nuit dans les rues de Bichkek, pas toutes éclairées, en compagnie de nos deux anges protecteurs, Natacha et son amie. Nous sommes comme des handicapés qui réapprennent à marcher, découvrant une ville tranquille. Quand l'obscurité se fait le nid d'un air apaisant et non le vivier des coupeurs de gorge. Seul à l'hôtel, Antoine, lui, s'est fait un sang d'encre.


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