Carnet de Bord


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Dimanche 29 Juillet 2001

Première confrontation avec les montagnes

  Nous nous rendons dans le parc d'Ala-Archa, dans les montagnes qui surplombent Bichkek. Trouver le bon bus est l'opération la plus difficile de la journée. Nous ne sommes pas seuls là-haut : les nuages nous accompagnent. Mais nous nous découvrons un ange gardien, Vladimir.

Départ pour Ala-Archa

  Nous quittons le Sary Chelek avec tous nos bagages et nous traversons la ville entière pour atteindre Och Bazar. Nous visiterons le plus grand marché de la capitale une autre fois. Notre objectif d'aujourd'hui est de trouver la gare routière. Nous savons qu'elle se trouve au sud du site, mais c'est tellement grand qu'il nous faut un peu de temps pour trouver. Comme son nom l'indique, le Bazar grouille de partout. C'est le souk, enfin non, parce que le souk n'est pas kirghize. Certains diront le bordel, mais au sens figuré seulement. Tout un bouillonnement agite les abords du bazar : maisons de change, petits vendeurs de cigarettes, récupérateurs de bouteilles vides, photographes kitsch pour touristes locaux, des gens des voitures dans tous les sens. Le Lonely planet nous a prévenus que les pickpockets s'y sentent comme poissons dans l'eau. Nous marchons en file indienne, scrutant les alentours avec nos yeux de merlans frits à la recherche de requins et de leurs manigances suspectes. Nos gros sacs à dos nous encombrent. Nous nous sentons plutôt comme des pavés dans la mare...

  Il y a deux gares routières à Bichkek, une pour les grandes lignes, l'autre pour les destinations proches de la capitale. C'est cette dernière que nous recherchons.

  Arrivés à un carrefour plein de minibus et d'activité, nous déposons nos sacs. On les surveille pendant que Rémi va se renseigner. On lui donne plusieurs infos contradictoires. Toujours aussi suspicieux, après ce qui nous est arrivé la veille, nous nous demandons si certains ne cherchent pas à nous faire tourner en bourrique. Finalement, on suit les conseils d'un chauffeur qui nous a l'air de bonne foi (très subjectif tout ça, mais...) et nous trouvons le parking central : un terre-plein où sont garés les bus.

Discussion à fond de train au fond du bus

  Les véhicules sont de toutes tailles, du minibus au véhicule plus grand (25 places assises environ), souvent haut de roues pour les routes défoncées. Ils sont de tous âges aussi. Coup de chance, le bus pour Ala-Archa s'apprête à partir. On n'a plus qu'à monter dedans et tenter de s'y caser avec nos sacs.


  Très vite, Etienne et Rémi engagent la conversation avec des jeunes de 14-16 ans. Trois mots d'anglais, deux et demi de kirghize, le reste en russe. Etienne révise ses chiffres en kirghize et fait bien rire l'assemblée. Quelqu'un trouve que Jérémie ressemble à un acteur de... Hélène et les garçons ! Imaginez notre étonnement : cette série est connue si loin (c'est comme les déchets, ce sont les plus dangereux dont on met le plus de temps à se débarrasser). Et ce qui nous surprend vraiment, c'est que Jay ne ressemble mais alors pas du tout à Cricri d'amour...

  Les jeunes avec lesquels nous discutons nous disent qu'ils vont chercher des chevaux. Les vôtres ? Non, non. Où ça ? Là-haut, dans la montagne... Ah... Notre vocabulaire limité ne permettra pas d'en savoir plus sur cette étrange pratique.

  Antoine fait la conversation avec une touriste de chez nous qui voyage avec une guide, laquelle nous aide à régler les questions financières du passage à l'entrée du parc.

  Il reste douze kilomètres à parcourir pour accéder au point de départ des randonnées. Il faut donc allonger un supplément pour le bus. Au cours du trajet, nous entamons une discussion avec un vieux Kirghize, ancien professeur de philo : il enseignait Marx.

  Nous arrivons sous la pluie. Ce n'est pas le déluge, mais ce n'est pas joyeux. On doit négocier un rendez-vous avec les chauffeurs du bus pour le retour (en fait, il y a souvent un chauffeur et un «contrôleur» chargé d'encaisser). Autour de nous, trois baraques, autant de yourtes. On y trouve un bar, mais il ne sert pas à manger, or c'est là notre objectif du moment.

Vladimir, le voisin surprise

  Notre arrivée ne passant pas inaperçue, une famille vient faire connaissance. Le jeune père parle anglais. Il nous invite sous un toit en dur, espèce d'aire de pique-nique. D'ailleurs, cette famille l'utilise à cet effet. Elle vient de Bichkek passer le dimanche au vert. Ah, ces Parisiens sont partout...

  Ils nous offrent des fruits, on leur offre ce qu'on a. On sort des carnets et des feutres pour les enfants. Il faut qu'on écrive nos noms, sisi, nonnon, bon d'accord. On se dit que c'est le moment de tester notre Polaroïd, quand on constate que le père nous filme avec un camescope dernier cri. Oups, on a failli faire une bourde.

  Rassasiés, les adieux faits, on entame notre marche. Le sentier est curieusement goudronné. En réalité, il mène à la yourte officielle du Président de la République, celle où il vient se reposer le dimanche avec Bëhr Næde'th, son épouse. Nous l'apercevons, puis la laissons derrière nous, poursuivant, cette fois-ci, sur un vrai sentier de montagne.
  Nous nous posons assez rapidement, partisans d'une montée en puissance modérée de nos efforts. D'autant que l'on anticipe une difficulté de taille à venir : faire à manger sans réchaud et sous la pluie.
  Ce temps est l'occasion de mettre nos tentes à l'épreuve. On trouve le coin idéal, abrité, à plusieurs centaines de mètres de la rivière. L'épreuve du feu commence. On prie pour que nos bouts de papier toilette enflamment le reste. En vain.

  C'est alors que survient Vladimir, notre voisin surprise. Ayant fait sa connaissance, nous parvenons à allumer du feu avec son essence. Mais le meilleur reste à venir : Vladimir nous invite à partager son repas sous sa tente. Moment de réconfort ô combien mémorable.


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