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Carnet de Bord |
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Dimanche 12 Août 2001 Un bon départ Courses au marché de Karakol : nous remplissons nos sacs. Le bus saute à nen plus finir et nous dépose. Ravis et accueillis par une charmante famille, nous visitons le site merveilleux du départ. Mais il y a de lembrouille avec nos hôtes et on finit dehors à contempler les étoiles. Le marché de Karakol Antoine, Jérémie et
Rémi réveillent les deux pachas de lhôtel.
Tout le petit monde se met en branle pour avaler un petit déj
désormais classique et établir le plan de la matinée.
Il faut acheter de la bouffe pour les six jours et vider nos sacs,
dont le superflu sera laissé en consigne à lhôtel.
On compte le nombre de repas et on fait la liste des courses. Evidemment,
ça promet de ne pas être très varié : thé
et biscuit le matin avec éventuellement fruits secs, pâtes
ou riz et poissons (nos éternels bretlinas ?) puis fruits secs,
soupe et riz ou pâtes puis fruits secs. Seuls petits luxes prévus
: du saucisson qui ressemble à du saucisson à lail
mais qui nen est pas (on a jamais su ce que cétait
mais cétait pas fameux, sauf si on le compare aux bretlinas)
et du chocolat. Ne pas oublier le PQ, le sel, le sucre et lessence
pour le réchaud. Allez ouste, on file au marché. Il sétale entre deux rues sur deux allées de 100m chacune. Petit mais suffisant. A son entrée, on trouve un gigantesque tas de délicieuses pastèques et de savoureux melons, un peu trop lourds hélas pour nous. Au bout, des glaces et du pain pour satisfaire le gourmand. Comme tout bon marché qui se respecte, cest un bric à brac de différents stands vendant dans le désordre des pâtes, du riz, du papier à écrire, des biscuits, des bonbons, des légumes, etc et là, on découvre trois petits trucs qui vont nous changer la vie.
Dans lordre croissant des
plaisirs quils nous ont apportés, jappelle : médaille
de bronze, les différentes boîtes de poissons. Et non,
les Kirghizes ne mangent pas que des bretlinas (voir les journées
précédentes où il en est forcément question),
ils ont plein dautres boîtes de poisson, dont le nom et
les éventuelles images du poisson quelles contiennent
nous laissent perplexes (on na jamais réellement su ce
que nous mangions). Quimporte, tout fait laffaire quand
il sagit de remplacer les déjà trop souvent avalées
bretlinas. Bref, avec cinq sortes différentes, on devrait trouver
notre bonheur, non ? Bon, on ne veut pas gâcher le suspens qui
tient en haleine la courageuse lectrice ou le courageux lecteur de
ces lignes (oui, on est déjà le 12 août, et il
faut lire encore treize jours pour boucler le journal) mais on peut
dores et déjà annoncer que ces différents
poissons sont loin davoir tenu toutes leurs promesses. Médaille
dargent : les cubes Maggi (!) au goût poulet qui franchement,
vous changent le goût des pâtes. Une excellente trouvaille.
Mais pourtant, cest toutefois, le caramel mou qui lemporte.
Délicieusement sucré (surprenant, non ?), dur et fondant
dans la bouche, au goût prononcé (de caramel), vendu
sous forme dun disque de 20 cm de diamètre (mesuré
au pied à coulisse, svp), de 3 cm de hauteur, ce fut lui qui
égaya nos repas. Et celui-là, on savait ce quil
valait avant de partir car à part Chris, qui le trouvait bien
sucré, ce fut la ruée vers lor caramélisé
(un gâteau et demi a disparu avant le départ). Même
dans notre France culinairement un peu plus variée, on sen
lèche les babines à son évocation. Sinon, on a pris sept kilos des trois types de pâtes différentes (on trouve la variété des repas où on peut
), deux kilos de riz, trois kilos dabricots secs et trois de raisins secs, trois kilos de biscuits secs (dont certains portent un peu trop bien leur nom), deux gâteaux de caramels, six plaques de chocolat (objectivement assez moyen, mais très bon sur place), quatre saucissons, du sucre, du thé, du sel, 14 boîtes de poisson. Nous avons aussi acheté des serviettes en papier (non pas par snobisme de dernière minute, ou parce quon ne sait pas manger proprement, mais parce que cest bien plus doux pour nos fessiers que le papier émeri kirghize), un peu de sauce tomate pour Jérémie définitivement fâché avec les boîtes de poisson, et cinq litres dessence stockés dans des bouteilles de soda (comme le sucre, le sel et le riz !) achetés dans une station service. Retour à lhôtel avec deux melons, dont on ne peut se lasser ! Sautons dans le bus On vide tous nos sacs et on
enlève tous notre superflu, ce qui reste évidemment
suggestif. Mieux vaut se méfier car on ne sait pas le temps
quil va faire. On enlève souvent des t-shirts, des
sous-vêtements, des chaussettes, bref, tout ce quon
pense qui ne servira à rien et on charge ensuite la bouffe.
Une boîte par là, des biscuits par ci. Bref, on équilibre
un peu tous les sacs à coup de boîtes de poisson
ou de raisins secs et faut se rendre à lévidence
: ça va être lourd. Pour se donner du courage pour
la rando à venir, on file au resto et nous en découvrons
un des plus fameux de Karakol (enfin, pour nous, car le Michelin
ou même le Routard ne passent pas souvent par là).
Leur spécialité : la viande en pot, un petit régal
qui se mitonne doucement (il faut attendre plus longtemps, ce
qui laisse le temps de siffloter une bière) ou un ganfan
somptueux. Au retour, on met notre superflu dans des sacs poubelle
grande taille (attention, on nen trouve pas si facilement,
donc mieux vaut en prévoir plusieurs avant darriver
en Kirghizie, car ça protège bien de la pluie),
quon dépose à la consigne de lhôtel
en indiquant bien nos noms et la date à laquelle nous voulons
les récupérer. Surprise en payant : la charmante
(?) gérante nous annonce que nous devons payer une journée
de plus car on a dépassé midi. Cest comme
partout ailleurs, mais bêtement, on ny a pas pensé
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A la gare routière, après que plusieurs chauffeurs nous aient demandé notre destination avant de nous proposer leur bus (ils vont tous à Djéti ?), nous trouvons enfin le bon et montons, installons nos sacs et nos fesses confortablement. On est très en avance et seules une mère et une petite fille sont montées. Elles nous offrent de minuscules pommes (ah, cette générosité légendaire, ça fait chaud au coeur) un peu vérolées mais délicieuses. Au bout dun temps plutôt long, le bus se remplit un peu puis plus (sans égaler lhabituelle marée humaine quon a trouvée dans tous les bus) et nous partons pour nous arrêter deux minutes plus tard derrière un second bus. A notre surprise, on nous fait signe de descendre et de prendre lautre bus, le bon celui-là, un bus bien plus petit et bien plus bondé. Cest un peu dur dabandonner le maigre confort facilement acquis (ben, oui, on était tous bien assis, quoi) pour se retrouver debout pour certains coincés entre nos sacs et ceux des voisins. Autant dire que les Kirghizes savent optimiser lespace des bus. Mais pas ménager les fessiers de ses voyageurs. Au lieu demprunter la route nationale qui nous aurait menés à destination en trente minutes, nous voilà entre deux villages, sillonnant les petits chemins parfois goudronnés, parfois non, souvent (très) cabossés. Mais finalement, cest comme ça quon laime, le bus en Kirghizie. Rémi discute, les autres rebondissent sur leur siège, et cest un moment de bonheur rare qui ne sexplique pas. Au bout dune heure et demie,
on monte sur une route goudronnée, le paysage est plus vallonné.
Cà et là, la terre est remontée sous la forme
dun plis dune vingtaine à une centaine de mètres
de haut, dun rouge bordeau bien vif (bref, regardez la photo,
car ça vaut tous les commentaires) et nous sommes tous bouche
bée devant ce paysage extraordinaire. Ceux qui quittent la famille qui les accueille Il est 19h et le bus se gare sur une grande place. Terminus, tout le monde descend. On a tous la même idée en tête : trouver une âme charitable qui va nous accueillir pour la nuit, voire chez qui on mangera, moyennant finances bien sûr. Et il ne faut pas attendre longtemps avant quune dame nous propose son hospitalité. Nous la suivons jusque chez elle, la maison en haut du petit village de Djéti Oghouz qui est traversé par le torrent que nous devrons remonter. Elle nous indique une grande pièce avec comme seul meuble, une armoire, et nous savons déjà que les tapis dans le coin de la pièce nous serviront de lits. Il ny a pas deau ni de salle deau et les WC sont dans le jardin, mais cest déjà bien plus quon ne le souhaitait. En plus, elle nous propose un repas à base de pommes de terre et légumes avec du thé, mais sans viande. On négocie le prix et nous nous accordons pour 450 soms pour 5 (soin un peu moins de 12 euros). Finalement, cest ni cher ni forcément donné. (On logeait pour 12 euros dans la capitale avec la salle de bain !). Notre hôte vit avec sa sur et son fils, Daniar, petit gamin dune dizaine dannées, plutôt facétieux. Avec lui, nous entreprenons de visiter le superbe site alentour et de faire un peu de frisbee (bon moyen de communication quand on ne connaît pas la langue). On monte un peu et on découvre une superbe vue sur le grand lac Issyk Koul que nous avions quitté il y a peu et sur les montagnes où nous passerons les jours suivants. Le soleil se couche et les couleurs sont incroyables, tout comme la pente que nous escaladons. On se détend, on apprécie, puis on revient manger assis autour dune table basse. Notre hôte nous a préparé un plat colossal de pommes de terre, que nous engloutissons à notre propre surprise. On nous sert un thé délicieux, comme souvent en Kirghizie. Une fois repus, nous lui signalons que, demain, nous serons partis tôt (on compte se lever vers 5h !) et que nous souhaitons régler dès maintenant. On verse donc les 450 soms prévus et curieusement, elle recompte une fois, deux fois. « Un problème ? », lui demande Rémi. Oui, et un gros, car si il fallait bien verser 450 soms, cétait pour chacun dentre nous. De correct, le prix devient inacceptable et nous ne lacceptons pas. Du coup, ça brise un peu lambiance. Nous menaçons de partir et elle décide alors de baisser à environ 1200 soms pour tous. Cest encore bien trop pour nous, et finalement, amers et un peu écurés par cette arnaque, nous reprenons nos sacs, saluons tristement Daniar, plus sèchement sa mère et partons dans la nuit monter la tente on ne sait où. La leçon dastronomie du Professeur Etienne Nous remontons alors la rivière, qui longe la piste où passent les voitures. Cest une nuit sans lune et on marche aux lampes de poche. De quoi réveiller nos angoisses de gamins. Où sinstaller pour être un peu loin de la route, dans un endroit plutôt plat ? On trouve finalement notre bonheur, et on plante les tentes rapidement. Antoine, fidèle à sa tradition, décide de se coucher rapidement suivi de près par Jérémie. Etienne, Chris et Rémi sattardent un peu sous le ciel étoilé où, suprême chance, entre les montagnes et les arbres, on voit quelques étoiles filantes. Etienne en profite pour apprendre à ses deux compères de tentes les constellations et encore une fois, cest avec des regards denfant quon sextasie sous ce ciel magique. Seul le froid vaincra notre patience et mettra un terme à une journée plus mouvementée que prévue. Et ce nest quun début ! |