Le Jeune Chanteur


  Dans le bus de retour de notre journée champêtre lors de notre séjour à Bichkek à la fin du mois, nous avons dû composer avec un clochard imbibé et collant. Nous l'avions déjà rencontré à l'aller, il voulait nous accompagner partout, nous vendre à bouffer, en nous disant qu'il nous invitait, sans qu'on sache s'il avait effectivement une maison dans le village. Le chauffeur de mini-bus qui nous avait amené avait fini par lui ordonner de descendre vu qu'il importunait ses clients. Ils s'étaient engueulés et empoignés par le colback. Ils avaient l'air de bien se connaître en fait.

Lors du retour, donc, une bouée de secours est arrivée quand un groupe de jeunes est monté dans le bus. L'un deux avait une guitare, était également saoûl, mais s'excusant de l'être, amical, et parlant anglais. Il devait traduire les questions de l'ivrogne. La guitare a tout transformé : il s'est mis à chanter un air visiblement connu dont le refrain était : Parigé, ia tibia lioubliou (Paris, je t'aime). Nous, les Français, avons offert notre contribution. Tout le bus riait. Le clodo a chanté aussi, un peu faux, mais avec une voix pourtant envoûtante, éraillée, et en Kirghize. Vraiment particulier. Un bon moment.